Un retour à la base afin de mieux voir l'avenir !
Il était une fois, dans une grande entreprise saguenéenne, un petit déchiqueteur. Il avait commencé ses débuts du centre de recouvrement Desjardins. Lorsqu’il avait commencé, il n’y avait que quelques personnes. De grands penseurs et quelques personnes ayant le goût du défi, mais rempli de passion. Surtout de la passion. Au fil du temps, il avait de plus en plus de gens qui circulaient dans les couloirs de cette entreprise qui avait changé de nom au fil du temps, pour devenir la Direction principale Service Recouvrement.
Lorsqu’il avait commencé, il ne déchiquetait que quelques prêts en retard par semaine, mais au fil des années, de plus en plus de caisses faisaient affaire avec la DPSR et son travail devenait de plus en plus exigeant. Il passait ces journées à déchiqueter et à déchiqueter, il ne faisait que ça. Il n’avait plus de temps pour penser. Du matin au soir, il déchiquetait des milliers et des milliers de prêts en retard. Au fil du temps, il devient de plus en plus blasé et on le nomma Grognon, car il était constamment de mauvaise humeur. Il faut dire que déchiqueter les prêts en retard, des hypothèques légales de la construction, des préavis et des ordonnances de blocage, ce n’est pas très joyeux.
Un bon matin, les entrepreneurs entrèrent dans le bâtiment et commercèrent à détruire des murs et à déplacer des gens. En haut, en bas, à gauche, à droite. Les couloirs commencèrent à se remplir de poussières et le bruit assourdissant retentissait du matin jusqu’au soir. Grognon n’en pouvait plus d’être trimbaler de tous les côtés, dans la poussière et le bruit. Il décida de faire une réorientation de carrière.
Après une longue nuit de réflexion, il décida de devenir une boîte aux lettres. Il s’installa devant le centre de recouvrement et il attendit ces premières lettres. Humm de belles lettres! Après quelques temps, il s’était adapté à sa nouvelle condition. Les changements de températures l’importunaient quelque peu, mais le travail au grand air c’est ça qui lui fallait. Il s’était fait de nouveaux amis qui venaient prendre toutes ces lettres à tous les soirs afin qu’il puisse recommencer sa journée du lendemain du bon pied. Mais tout cela était trop beau pour être vrai. Un beau matin, des rumeurs commencèrent à gronder. Les facteurs en grève ? La poste en grève ? Il commença à recevoir moins de lettres. Il restait seul de grandes journées. Ce travail n’était plus stable. Il décida que pour ces finances (car il accumulait des retards sur ces paiements) il serait préférable de se trouver un nouvel emploi.
Il se tourna vers le domaine de l’éducation. Tout le monde va à l’école et il y en aura toujours. Il devient donc une boîte à lunch. Il fut choisi par une mignonne petite fille que tous surnommaient Flo. Ainsi, il commença son nouveau travail. Tous les matins, il partait avec sa petite amie et il savait que sa mission était importante. Il devait nourrir cette jeune fille affamée tous les midis. De plus, les horaires étaient beaucoup plus stables. Du lundi au vendredi de 7h30 à 16h. En plus, il avait les journées fériées. Un vrai luxe. C’était un peu frisquet pour son intérieur avec les blocs réfrigérants, mais rien ne le satisfaisait plus que de voir le visage ravi de sa jeune amie Flo, lorsqu’elle l’ouvrait pour découvrir les trésors qu’il cachait.
Par contre, après plusieurs mois, il se sentit las. Il était sale. Il restait encore dans un de ces coins un peu de potage de chou-fleur du mois passé. Il pensa encore une fois faire une réorientation de carrière. Il devenait vieux et c’était difficile pour lui de se faire trimbaler dans le sac d’école de sa jeune amie. De plus, quelquefois, elle partait de l’école et l’oubliait, il détestait cela. Il restait seul dans le froid et le noir à attendre que Flo revienne le chercher. Et si elle l’oubliait pour de bon? Et si quelqu’un venait le voler ? Il ne pourrait plus nourrir Flo. Elle mourrait certainement de faim. Ou pire! Et si elle le remplaçait? C’en était trop pour lui.
Par une belle journée ensoleillée, Florence l’oublia encore une fois dans son casier scolaire. Il se dit qu’il fallait qu’il attende une journée et ce cauchemar serait terminé. Sauf qu’il ne savait pas que Florence était partie pour les vacances d’été. Il attendit une première journée. Et une deuxième. Et une troisième. Au bout d’une semaine, il ne savait plus quoi faire. La panique l’envie totalement. Qu’allait-il devenir? Et il ne pouvait pas conserver éternellement les aliments qu’il contenait. Que contenait-il déjà? Un livre et une pomme. Le vilain petit canard et une pomme. La pomme que Florence était supposée donner à son professeur. Qu’elle était tête en l’air des fois.
Plus le temps passait, plus il se sentait bizarre. Il sentait son ventre se gonfler. Certainement des brûlements d’estomac. Il ne s’en souciait pas plus qu’il fallait étant donné qu’il était pris dans ce casier pour un temps indéterminé.
Ce que Grognon ne savait pas c’est que ce n’était pas des brûlures d’estomac, il était en train de se transformer. La pomme et le livre fusionnaient dans son corps. Il devient de plus en plus rigide, des feuilles poussaient de chaque côté. Il se mit à fleurir. Il ne comprenait absolument pas ce qu’il se passait. Peu à peu, à la fin de l’été, il était devenu un croque-livre. Lorsqu’il fut libéré de son casier de métal, il s’était tellement ennuyé pendant tout cet été de solitude qu’il décida de retourner à ces anciennes amours. Il déplaça sa grande carcasse de bois à la Direction principale Service Recouvrement Desjardins. Il se dit qu’il apporterait un peu de bonnes humeurs dans ce domaine si négatif. Il avait enfin trouvé sa vocation. Il était un magnifique croque-livre en bois de pommier, nommé Trognon et il apportait que du bonheur !
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